Éditions Beya

  • Sous la direction de
    Caroline Thuysbaert
  • Éditions Beya
  • volume n°14
  • 16 x 23
  • 249 pages
  • ISBN : 978-2-9600575-9-1
  • couverture cartonnée cousue
  • illustrations en noir et blanc : 4
  • parution : septembre 2013

Dorn Duclo Duval

DÉFENSEURS DU PARACELSISME

ebook8,99 €
Achat via Amazon.fr

 

Le succès de Paracelse - Dorn - Trithème encourage les éditions Beya à poursuivre la voie annoncée de renouveau des études «paracelsiques».

Nous offons ici la traduction française de trois traités apologétiques rédigés en latin, dont les auteurs sont contemporains (décédés à la fin du XVIème siècle)

- L'Avertissement à Éraste de Gérard Dorn;

- L'Apologie de l'argyropée et de la chrysopée contre Thomas Éraste de Gaston Duclos;

- La Vérité et l'ancieneté de l'art chimique de Robert Duval.

Nous affirmons que, sous leurs formes pourtant très diverses (polémique, juridique, érudite), les trois ouvrages se complètent admirablement et révèlent, de plus, de véritables philosophes.

Les lecteurs, tant les avertis que les néophytes, se verront préciser les notions fondamentales de l'éternelle science sacerdotale, de la sainte alchimie jusqu'à la transmutation métallique, en passant par les grands poètes et les prophètes de tous les temps.


Introduction ..................................................... IX
Les textes ..................................................... XIII
L'Avertissement à Éraste ....................................... XIII
Le plaidoyer de Duclo ............................................ XV
Le traité de Duval ............................................ XVIII
Remerciements ................................................. XVIII
Avertissement ................................................... XIX

GÉEARD DORN
Avertissement de dimension plutôt modeste à Thomas Éraste, 
médecin et philosophe, Gerard Dorn................................. 1

GASTON DUCLOS
Apologie de l'argyropée et de la chrysopée, 
contre Thomas Éraste, Gaston Duclos............................... 59

ROBERT DUVAL
Le Vérité et l'ancienneté de l'Art chimique, Robert Duval........ 191 
Présentation du tarducteur ...................................... 193
Avant-propos d'Emmanuel d'Hooghvorst 
à l'édition du Fil d'Ariane de 1992 ............................. 195

En guise de postface par EH ..................................... 243

 

Philosophie des Temps Modernes

Revue philosophique de Louvain

Julien LAMBINET

 

Défenseurs du paracelsisme. Dorn - Duclo - Duval. Sous la direction de Stéphane Feye. [Traduit du latin et annoté par Caroline Thuysbaert et Stéphane Notes d’Emmanuel d'Hooghvorst] (Collection Beya, 14). Un vol. de xx-Grez-Doiceau, Beya, 2013. Prix: 29 €. ISBN 978-2-9600575-9-1.

Les éditions Beya de Grez-Doiceau continuent leur œuvre de mise en valeur la tradition hermétique et alchimique en nous proposant cette fois la traduction trois écrits apologétiques attachés à la défense du paracelsisme. Ces derniers, initialement en latin, appartiennent encore à la première réception du travail du médecin de Hohenheim et datent tous de la fin du XVIe siècle. Les deux premiers présentés sont notamment et spécifiquement consacrés à la défense de «l’art », en sa méthode et ses principes, face aux attaques lancées à son encontre par le médecin théologien suisse Thomas Erastus (1524-1583), auteur, sans doute autour de sévères Disputationes de medicina nova Philippi Paracelsi. Le premier écrit et proposé ici est une Modesta quaedam admonitio ad Thomam Erastum, Germanum etiam Philosophant atque Medicum, de retractandis calumnijs, et conuitijs celsum et suos perperam ac immerito datis in lucem per quatuor Tomos, De noua Medicina, que l'on doit au grand défenseur et diffuseur du paracelsisme Gérard (c. 1530-1584). Suit une Apologia argyropoeiae et chrysopoeiae, dont l’auteur l'avocat français Gaston Duclo (1530-après 1592). Le troisième texte dont est tué le volume présenté est publié à titre de source explicite du traité de Duclo. auteur, le Normand Robert Duval (avant 1510-après 1584), lui donna le titre suivant: De veritate et antiquitate artis chemicae et pulueris sive medicinae phorum vel auripotabilis,...

Le présent éditeur, Stéphane Feye, nous offre là un ensemble qui se complète fort bien. La thèse de M. Feye, selon laquelle les deux premiers textes formeraient un diptyque «concerté» (cf. p. XIV), aurait cependant besoin d’être étayée davantage. Il demeure que là où G. Dorn parvient à laver Paracelse du soupçon d'hérésie à la doctrine chrétienne, G. Duclo s'attache quant à lui surtout à montrer pertinence de «l'art» en science naturelle. Ensemble, ils montrent de belle manière comment la vision paracelsienne ne pouvait être comprise qu’en unissant la démarche spirituelle à une opération matérielle.

 Le traité du Belge G. Dorn, traduit par Caroline Thuysbaert, apparaissait édition de 1583 en annexe du De naturae luce physica, ex Genesi desumpta, texte lui-même présenté en un autre volume des éditions Beya, également en français, la même traductrice. La puissance spéculative et le goût métaphysique et théologique de Dorn ne sont plus à démontrer. Il insiste ici sur la fidélité de l'enseignement de Paracelse à la parole du Christ et des Écritures. L’essentiel de l’argumentation propose, à la manière du De naturae luce physica, une interprétation de la doctrine de la création selon les principes du paracelsisme, et sous la forme expresse d'une opposition systématique aux attaques lancées par Éraste. Outre une argumentation «métaphysique» et alchimique de haute tenue, on trouve bien entendu également quelques «exotismes» propres à la Renaissance et au contexte, tels que l'affirmation de l'existence des gnomes, nymphes et autres créatures «nocturnales».

L’apologie de l'argyropée et de la chrysopée rédigée par Duclo s’évertue, comme son titre l'indique, à défendre contre l'argumentation d’Éraste, les pratiques alchimiques de fabrication de l’argent et de l'or par transmutation. Une connotation spirituelle cachée peut bien être attachée à l’exposition de ces opérations, elles reposent sans nul doute également sur une authentique conception de la nature, permettant la transmutation par une combinatoire de substances fondamentales, et dont les principes méthodologiques mêmes, éprouvés en laboratoire, s'éloignant en outre progressivement d’une physique qualitative simplement fondée sur les quatre éléments et gouvernée par la problématique des formes substantielles, annonçaient dans une certaine mesure, aux yeux de plusieurs historiens des sciences, la chimie moderne. Duclo présente notamment ici sa compréhension des causes matérielle, formelle, efficiente et finale, sa conception des accidents, du mouvement, du mélange des éléments et de la dissolution, en constante comparaison avec les doctrines traditionnellement défendues en son siècle, encore issues de l’Antiquité et du Moyen Âge. Ce texte apparaîtra ainsi fort intéressant à l’historien de la philosophie, tant toute son argumentation se positionne abondamment par rapport aux doctrines d’Aristote, du mystérieux Gilgil auquel se référait Albert le Grand, d'Albert lui-même, Georges Agricola, Scaliger, Geber. Un travail précis de distinction des ordres de considération, par lequel il différencie matière première éloignée, matière moyenne et matière proche relatives à toute nouvelle formation dans la nature, agrémenté d’un souci constant tant de se concilier la philosophie naturelle alors traditionnelle que de montrer en quoi l’art nouveau s’en distingue, font du texte de Duclo un document historique d’une importance qu’il ne faudrait croyons-nous pas relativiser.

Le troisième traité, en vérité antérieur aux deux autres, date de 1561 et cherche à constituer un recueil de témoignages anciens en faveur de l’alchimie. Il compile ainsi, au fil de courtes explications, nombre de citations bibliques et de textes de théologiens, philosophes, médecins et alchimistes, tels bien entendu Hermès Trismégiste, mais aussi Aristote, Galien, Rhazès, Geber, Avicenne, Augustin, Albert le Grand, Thomas d'Aquin, Arnaud de Villeneuve, Duns Scot, Raymond Lulle, Marsile Ficin et quantité d’auteurs connus et moins connus, tous invoqués en faveur du bienfondé des principes de l’alchimie et de leur faculté à vivifier tant la nature corporelle que spirituelle.

Paracelse est célèbre pour avoir éloigné l’alchimie d'une recherche vulgaire des métaux précieux, en faveur plutôt d'une révélation des principes fondamentaux résidant à la source de toute activité naturelle, et dont la connaissance permettra partout le soin tant des corps que de l’esprit. La redécouverte, encore récente, de ses écrits théologiques, a en outre montré comment pour lui, Christ et sagesse divine pouvaient être considérés comme ces grands médecins à la source de toute force, croissance et transformation au sein de la création. À la lecture de l'ensemble du volume ici recensé, il apparaît de manière frappante que les héritiers de Paracelse cherchèrent à mettre en valeur l’ensemble de ces aspects et s’appliquèrent à montrer, contre une scolastique qui paraît en leur temps sclérosante, le vitalisme régnant tant dans l’Écriture que dans la nature.

On ne saurait trop se montrer reconnaissant envers les éditions Beya et Stéphane Feye pour le travail entrepris ici et leur dévotion à rendre ainsi plus accessible, en des traductions de très bonne tenue, une tradition de textes dont l’importance est encore parfois trop négligée pour l'histoire de la philosophie.  

Julien Lambinet

---------------------------------------

Serge Caillet - Bloc-notes d'un historien de l'occultisme

Trois défenseurs de Paracelse

Trois apologistes de Paracelse au XVIe siècle, particulièrement déterminés à le défendre contre Thomas Eraste (1524-1583), médecin et philosophe influent de l’école adverse, ont été rassemblés ici par Stephane Feye, sous le titre : Défenseurs du paracelsisme, Dorn, Duclo, Duval (Éditions Beya, 2013).

« Le grand Gérard Dorne » (1530-1584), comme l’écrit Stephane Feye qui reconnait en lui « un vrai philosophe-par-le-feu », c’est-à-dire un authentique alchimiste, a consacré sa vie à étudier, traduire et défendre l’œuvre de Paracelse. Son « Avertissement » à Eraste, traduit du latin et annoté par Caroline Thuysbaert, repose sur deux arguments : d’une part, des textes de Paracelse, qui auraient permis de lever certaines ambiguïtés de ses propos, ont été perdus et, d’autre part, ses écrits conservés ont été souvent déformés, ne serait-ce que par de mauvaises traductions, quand ils n’ont pas été incompris. 

En 1590, l’avocat français Gaston Duclos (1530-après 1592), à la biographie incertaine, réplique à son tour à Eraste, dans une « Apologie de l’argyropée et de la chrysopée », traduite du latin et annotée par Stéphane Feye. Il nous offre ainsi un véritable petit traité d’alchimie construit comme un plaidoyer d’avocat.

L’ouvrage se referme sur un texte de 1561, « La vérité et l’ancienneté de l’art chimique », signé Robert Duval (avant 1510-après 1584), qui constitue un recueil de témoignages anciens sur la vérité et l’antiquité de l’alchimie. Duval en appelle tour à tour à l’Ecriture Sainte, aux poètes et à toute l’assemblée des philosophes, avec une multitude de citations mises bout à bout, formant à elles seules un remarquable argumentaire en faveur de la réalité de l’alchimie dont Paracelse est incontestablement l’un des relais majeurs en Occident.

Partageons l’exhortation de Stephane Feye qu’il faut remercier de ce beau livre : « Que nos trois philosophes mis en lumière aujourd’hui rendent dans l’autre monde à tous ces bienfaiteurs ce que nous leur devons, en le multipliant ». Et poursuivons la défense du Médecin maudit !

S. C.

----------------------------------

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Chargement de la conversation